Alors que l’INSEE vient de dévoiler une croissance atone du PIB au premier trimestre de 2024 (0,2%), l’horizon pourrait s’éclaircir pour le monde des affaires sur le reste de l’année selon les données de l’Institut national et ceux de l’OCDE. Un avis loin d’être partagé par les chefs d’entreprise : selon notre baromètre Cabinet ARC/IFOP, plus de deux tiers des entreprises pensent que la situation économique française risque de se dégrader au cours des six prochains mois. En ce qui concerne leur activité, 80% des entreprises interrogées ne prévoient pas de croissance au second semestre 2024 et 16% d’entre elles en prévoient même le recul.
Après le regain post-Covid observé en 2021, l’activité économique a été fortement impactée par la guerre en Ukraine et le conflit israélo-palestinien. Par conséquent, les dépôts de bilan pourraient continuer à croitre : 96% des entreprises estiment que la situation économique actuelle risque d’entraîner une hausse du nombre de dépôts de bilan. Les dirigeants restent ainsi méfiants dans la capacité de leurs clients à rembourser leurs créances ; un quart des entreprises pensent que leurs clients ne seront pas en mesure de rembourser leurs dettes (PGE, dettes sociales, investissements, factures…). Pour compenser leur besoin en trésorerie, les entreprises ont recours au découvert bancaire et/ou l’escompte leurs effet. Cependant, les trois quarts d’entre elles reconnaissent allonger le délai de paiement de leurs fournisseurs pour compenser leurs besoins en trésorerie.
Une réponse européenne ?
Alors que la nouvelle assemblée européenne va prendre ses fonctions prochainement, les députés européens auront à trancher le passage de soixante à trente jours des délais de paiement. La mesure, débattue avant la pause liée au scrutin du 9 juin dernier, ambitionne dans son projet de fixer un délai de paiement maximum de trente jours à compter de réception de la facture afin de mieux lutter contre les retards de paiement dans les échanges commerciaux.
A cette proposition de Bruxelles, les dirigeants français manifestent néanmoins une certaine réserve à l’égard de la mesure proposée par la Commission européenne. Bien que la moitié des entreprises envisagent que leurs clients puissent respecter ce nouveau délai, les chiffres révèlent des perspectives mitigées quant à ses effets attendus. Seulement 26% des entreprises estiment que cette réduction pourrait effectivement entraîner une diminution du nombre de dépôts de bilan, tandis que 60% pensent que cela n’aura pas d’impact sur les retards de paiement.
“Les entreprises interrogées se sont par ailleurs montrées dubitatives concernant la proposition de la Commission européenne de réduire de 60 à 30 jours le délai maximum de paiement. Nombre d’entre elles doutent que la mesure soit respectée et donc efficace, compte tenu des pratiques actuelles et des retards de règlement auxquels elles font face aujourd’hui. Néanmoins, afin d’apporter à terme de la trésorerie aux entreprises, il est nécessaire d’accentuer les démarches menant à une réduction des délais de paiement, réduction qui devra être progressive et se faire par pallier. », commente Denis Le Bossé, Président de Cabinet ARC