Le dernier baromètre “Relance, confiance, gestion de trésorerie, financement, quelle vision ont les entreprises et que plébiscitent-elles ?” Cabinet ARC/Ifop révèle une aggravation du pessimisme parmi les entreprises face à une conjoncture économique toujours incertaine. Si une majorité des entreprises anticipent un maintien de leur activité, la perspective d’une croissance économique s’éloigne, tandis que la dégradation des délais de paiement et le désengagement progressif des banques inquiètent de plus en plus.
Des prévisions d’activité en berne
Les chefs d’entreprise se montrent plus pessimistes que l’année dernière… 23% des chefs d’entreprise anticipent le recul de leur activité au cours des 6 prochains mois, soit une hausse de 6 points par rapport à 2023 et 59% en prévoient le maintien. Seuls 18% des dirigeants envisagent une croissance, un chiffre en net recul de 15 points par rapport à 2023 et le taux le plus bas enregistré depuis la crise du Covid.
Par ailleurs, la quasi-totalité́ des entreprises s’inquiète d’un ralentissement de l’économie : 94% d’entre elles pensent que la situation ne s’améliorera pas au cours des 6 prochains mois et ils sont même plus de la moitié (52%) à prévoir sa dégradation.
Les effets des crises passées continuent de se faire sentir : près de 6 entreprises sur 10 (59%) estiment qu’il faudra entre 3 et 5 ans pour effacer les effets des différentes crises subies sur leur santé financière, un résultat en hausse continue depuis 2022 et une augmentation de 9 points par rapport à 2023. Par ailleurs, 35% des chefs d’entreprise prévoient un délai d’1 à 2 ans.
Dans un contexte économique incertain, les délais de paiement explosent
Face à une conjoncture économique perçue comme risquée, 63% des entreprises estiment que les dirigeants de TPE/PME ne bénéficient pas d’un accompagnement juridique suffisant pour anticiper et gérer les difficultés financières. Par ailleurs, 7 entreprises sur 10 redoutent une hausse des dépôts de bilan parmi leurs clients, et 40% craignent leur incapacité à rembourser les créances (PGE, dettes sociales, factures, etc.).
Cette situation est aggravée par des retards de paiement qui atteignent un niveau record : le délai moyen est passé de 15 à 17,5 jours en 2024, son niveau le plus élevé depuis dix ans. « Selon les entreprises sondées, les délais de paiement continuent de s’imposer comme la variable d’ajustement, leur allongement étant le premier outil déclaré pour optimiser les trésoreries alors même qu’il constitue un risque majeur pour la santé financière, » explique Denis Le Bossé, président de Cabinet ARC. Près de 48% des dirigeants interrogés déclarent avoir eux-mêmes recours à un allongement des délais de paiement de leurs fournisseurs pour compenser leurs besoins en trésorerie.
Malgré la proposition européenne de réduire les délais de paiement légaux de 60 à 30 jours, 65% des entreprises estiment que cette mesure n’aura pas l’effet escompté, et 66% doutent que leurs clients puissent respecter ces nouveaux délais. « Dans ce contexte, les dirigeants ont largement plébiscité un nouveau dispositif pour véritablement contraindre les entreprises au respect des délais de paiement de leurs parties prenantes : l’indexation des amendes sur les résultats des entreprises, » souligne Denis Le Bossé.
Cette mesure, soutenue par 68% des dirigeants sondés, est perçue comme un levier efficace pour responsabiliser les mauvais payeurs et réduire les risques financiers dans un climat économique de plus en plus tendu.
La crainte du non-paiement du secteur public perdure
Près d’une entreprise sur deux déclare renoncer à répondre aux appels d’offres émis par le secteur public, craignant de ne pas être rémunérées ou de subir des délais de paiement prolongés. Bien que 57% des entreprises collaborent avec le secteur public, 84% d’entre elles constatent que les délais de paiement n’ont pas évolué et restent un frein majeur.
Un désengagement des institutions financières
Le prêt bancaire reste, auprès de 42% des entreprises interrogées, le moyen de financement considéré comme le plus efficace pour faire face à des besoins de trésorerie. En parallèle, près de 7 entreprises sur 10 (69%) estiment que les établissements bancaires se désengagent vis-à-vis des TPE/PME et notamment auprès de celles qui n’ont pas encore remboursé leur PGE.
Une situation à laquelle s’ajoute, pour 48% des sondés, le constat d’un désengagement des assureurs-crédit, alors que l’affacturage reste identifié par 86% d’entre eux comme une solution de financement trop coûteuse et donc peu voire pas rentable.
Cette étude a été menée du 30 septembre et le 29 octobre 2024 par téléphone auprès d’un échantillon représentatif de 501 entreprises de 50 salariés et plus.