Découvrez nos conseils pour gérer au mieux votre trésorerie en cette période d’état d’urgence sanitaire. 8 questions pratiques et leurs réponses pour vous permettre d’appréhender au mieux cette épreuve.
Comment, en subissant cette crise mondiale sanitaire et économique, peut-on prévoir et gérer ? Comment les plus petites entreprises notamment, peuvent-elles sécuriser leur trésorerie quand les retards de paiement les touchent de plein fouet et sont au centre de leurs difficultés ? Quand l’ensemble du tissu économique est touché, qu’est-il possible de mettre en place pour continuer à prévoir ? Un point sur les aides et dispositifs à saisir.
En France l’état d’urgence a pour le moment été fixé du 24 mars au 24 mai 2020. Retrouvez le texte officiel sur Légifrance
Les aides de l’Etat
1. Quelles activités sont permises pendant le confinement ?
Le Ministère de la Santé apporte des précisions dans ce domaine : Retrouvez l’arrêté du 14 mars 2020 portant diverses mesures relatives à la lutte contre la propagation du virus covid-19 sur Légifrance
2. L’Etat met en place un plan d’aides massives. Quelles sont ces mesures de soutien ?
Retrouvez sur une page unique toutes les informations officielles et actualisées : Portail de l’Économie, des Finances, de l’Action et des Comptes publics
3. Concrètement, comment gérer vos besoins de trésorerie avec votre banque ?
Le gouvernement a mis en place un dispositif exceptionnel de garantie permettant de soutenir le financement bancaire des entreprises (300 milliards d’euros) si vous en avez besoin :
- Prêts de trésorerie accordés du 16 Mars au 31 Décembre 2020 avec la garantie de l’Etat
- Report jusqu’à 6 mois des remboursements de crédits en cours, sans frais
Comment faire dans la pratique pour bénéficier des aides financières garanties par l’Etat ?
- Faîtes sans plus attendre la demande du prêt garanti par l’Etat. Vous devez vous adresser à votre banquier et lui demander l’équivalent de 3 mois de chiffre d’affaires. Ce prêt est un prêt à 0% pour les 12 premiers mois avec des frais réduits. Le taux au-delà sur une période de 6 ans serait de 0,25% pour les PME et de 0,50% pour les ETI. Si vous souhaitez un étalement plus long, vous devez négocier et le banquier doit accorder ce prêt sans marge pour lui.
- Vous pouvez aussi solliciter BPI France en complément et en accord avec votre banquier : https://www.bpifrance.fr/A-la-une/Actualites/Coronavirus-Bpifrance-active-des-mesures-exceptionnelles-de-soutien-aux-entreprises-49113
- Demandez aussi à votre banquier le report des échéances de vos prêts bancaires en cours. Un report de trois mois par exemple peut être significatif dans votre trésorerie. Le banquier doit faire preuve de solidarité et de responsabilité compte tenu qu’il s’agit d’un cas de force majeure. En cas de difficultés sollicitez le médiateur du crédit : https://mediateur-credit.banque-france.fr/
4. Comment faire avec vos salariés ?
Si votre activité est à l’arrêt du fait de l’injonction impérative du Ministère de la Santé :
- Déposez votre demande de chômage partiel (https://www.service-public.fr/professionnels-entreprises/vosdroits/R31001). Vous disposez de 30 jours pour le faire. Si votre activité est autorisée, faîtes attention à préparer une bonne argumentation pour bénéficier du chômage partiel. Le décret doit paraître sous quelques jours.
Documentation sur le site du Ministère du Travail :
https://travail-emploi.gouv.fr/actualites/presse/communiques-de-presse/article/coronavirus-covid-19-et-monde-du-travail - Il y a aussi les négociations possibles avec vos salariés sur les congés payés, l’utilisation des RTT… La loi d’urgence modifie le code du travail et permet à l’employeur, d’imposer 6 jours de congés payés, d’imposer des RTT, avec un délai de prévenance de 1 jour seulement. Si votre activité peut continuer, la loi d’urgence modifie aussi la durée maximale du travail.
- Au sujet de droit de retrait : L’employeur doit pouvoir rassurer les salariés auxquels il demande de travailler par les moyens adaptés qu’il met en place pour le respect des mesures barrières de protection. Retrouvez plus d’informations sur https://www.service-public.fr/particuliers/vosdroits/F1136
5. Comment reporter les charges sociales et fiscales de votre entreprise ?
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Délais de paiement des charges fiscales et sociales : vous avez la possibilité de reporter tout ou partie des échéances fiscales et sociales jusqu’à trois mois : https://www.economie.gouv.fr/mesures-exceptionnelles-urssaf-et-services-impots-entreprises
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Report des loyers, factures d’eau, de gaz et d’électricité : en cas de difficultés les petites entreprises peuvent demander directement à leurs fournisseurs ou à leur bailleur un report d’échéance.
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En cas de difficulté dans ces négociations, vous pouvez aussi solliciter le médiateur des entreprises : https://www.economie.gouv.fr/mediateur-des-entreprises
Les mesures de bon sens, de responsabilité et de citoyenneté
6. Comment faire avec votre assureur-crédit ?
Certaines entreprises ont fait le choix de couvrir le risque client par un contrat d’assurance-crédit. Mais l’assureur, au vue de la conjoncture ou des performances des entreprises qui se dégradent, est amené à réduire, parfois brutalement, sa couverture sur une entreprise et même sur un secteur d’activité dans son ensemble. C’est pourquoi, vous devez être vigilant sur la cotation de vos clients. Vous devez aussi l’être sur la cotation de votre propre entreprise par les assureurs pour ne pas subir les décisions de vos propres fournisseurs assurés quant à vos délais de paiement.
- Si vos clients sont assurés crédit, incitez-les éventuellement à négocier avec leurs assureurs pour maintenir leur cotation.
- Si votre entreprise est elle-même cotée, négociez avec l’assureur qui a établi cette cotation.
- Le dispositif CAP, CAP+ et CAP France export est remis en œuvre. Voyez avec vos assureurs-crédit pour en bénéficier – dispositif de couverture complémentaire avec la garantie de l’Etat.
- En cas de difficultés le médiateur : https://mediateur-credit.banque-france.fr/
7. Comment suspendre vos engagements contractuels vis-à-vis des clients ?
Les entreprises, dans l’incapacité de respecter les délais de livraison ou de réalisation de la commande publique du fait du coronavirus considéré comme un cas de force majeure, ne seront pas redevables des pénalités de retard. En cas de difficulté dans la négociation le médiateur des entreprises : https://www.economie.gouv.fr/mediateur-des-entreprises
Pour vos autres clients, informez-les que, compte tenu de la situation exceptionnelle que vous subissez, vous ne serez pas en mesure de respecter les délais figurants dans les clauses du contrat. C’est un cas de force majeur. En cas de difficulté vous pouvez aussi solliciter le médiateur des entreprises.
8. Comment préparer au mieux la sortie de crise ?
Continuez à payer à l’échéance tous vos fournisseurs de manière à conserver chez eux toutes vos capacités à passer des commandes, à être livrés dans les délais, bref à disposer d’un capital-confiance intact. L’obtention du prêt garanti par l’Etat vous permet de disposer des moyens suffisants pour honorer vos dettes fournisseurs et aussi pour relancer votre activité après la crise. Ceux qui ne respecteraient pas les délais s’exposeraient à un signalement au comité de crise via les organisations professionnelles ou la médiation.
Ne relâchez pas vos bonnes pratiques de gestion à destination de vos clients. Relancez les créances en retard de paiement et recouvrez-les avec écoute, bienveillance, mais fermeté. Les grands donneurs d’ordre qui ne respecteraient leurs engagements, s’exposeraient aux amendes de la DGCCRF pour non-respect du délai maximum de paiement. Un comité de crise est constitué pour recenser tous les signalements de pratiques abusives en matière de délais de paiement. Si vous en êtes victime contactez : https://www.economie.gouv.fr/mediateur-des-entreprises ou votre organisation professionnelle pour dénoncer ces comportements.
Toutes les mesures d’aide qui sont mises en place, montrent que l’Etat assume son rôle vis-à-vis des entreprises et de l’économie du pays. Nous devons en retour adopter un comportement responsable et citoyen. C’est ainsi que tous ensemble nous pourrons traverser, sans trop de dommages économiques, cette crise sans précédent. L’exemple du groupe DANONE est éloquent et citoyen : il ne veut pas solliciter les aides de l’Etat –chômage partiel en particulier – pour ne pas surcharger le système ; il garantit sur 3 mois les salaires et les emplois ; il s’engage à payer ses fournisseurs les plus petits avant l’échéance… D’autres grands groupes ont adopté aussi des comportements citoyens exemplaires.